Description du lot 25
COFFRE D'APPARAT À CINQ TRAVÉES
Bois de chêne
H : 96 cm - L : 161 cm - P : 68,5 cm
France (Normandie) - Fin XVème / Début du XVIème siècle
Etat : Très bel état, usures
Provenance : Ancienne vente Louvier du 21 septembre 2003
Magnifique coffre gothique, il présente les caractéristiques stylistiques remarquables des coffres anglo-normands (dont le célèbre coffre de Crediton Church, dans le Devon) et une construction d'une incontestable singularité.
La Normandie a un goût marqué, presqu'exclusif, pour le bois de chêne, arbre de ses grands massifs forestiers.
Elle l'importe aussi volontiers des Pays-Bas, « bois d'Irlande » acheminé par voie de mer, et le débite sur maille pour le rendre plus résistant. L'ossature du coffre est faite de montants et traverses assemblés à tenons et mortaises, et rainurés pour recevoir les panneaux plus hauts que larges. Seul le plateau répond à une construction plus ancienne de planches assemblées à joints vifs par des tourillons, et tenues en bout par des doubleaux.
La caisse repose traditionnellement sur un socle. Or, dans ce modèle au montage original, elle correspond au seul étage des panneaux.
La plinthe dégagée en partie basse n'ouvre pas sur la caisse mais sur le vide, produisant un effet décoratif inattendu et très réussi de registre à clairevoie.
Le décor dérive en totalité du registre architectural gothique, envahissant plinthe, panneaux, traverses et montants habillés de colonnettes d'applique torsadées, en bois de rapport.
Le motif de fenestrage, traité en arêtes verticales profondes, s'épanouit en soufflets, mouchettes et quatre feuilles sur les quatre panneaux de façade identiques, dont l'arc en accolade se pare de crochets feuillus.
Le thème s'assagit sur les panneaux latéraux, contenu par un simple arc brisé. Inféodé à un cordon sinueux de perles qui rappelle les décors de passementerie, il compose une frise plus calme sur la plinthe. Des semis de perles délimitent l'espace sculpté, tandis qu'une frise d'arcs trilobés court sous le plateau en contournant le palastre métallique de la serrure. Seule trace de l'habillage métallique des coffres primitifs, elle se fond dans la dentelle du bois par la minutie de ses ornements. Un cadre de fines feuilles d'aristoloche aux bordures torsadées met en valeur un écu couronné, fleurdelisé, et le moraillon en forme de dragon.
Les écus, sculptés à l'intérieur de chaque arc de façade, devaient à l'origine exposer des armoiries peintes, dont le temps a effacé la polychromie.
La scène principale, historiée, occupe l‘espace central placé sous le palastre. Un panneau rapporté présente en très haut relief une des premières scènes sculptées de l'Adoration de l'Enfant par la Vierge et les bergers, sous un dais en forme de couronne ajourée. Dans une étable ouverte, dont le toit repose sur de simples piliers, personnages hiératiques et animaux concentrent leurs regards sur l'Enfant Jésus, couché au premier plan sur son lit de paille.
La scène s'apparente, par sa théâtralité et ses costumes, aux premières crèches vivantes ou aux scènes de Mystères sur le parvis des églises.
Cette représentation signe l'usage liturgique du coffre, destiné à recevoir vêtements et objets sacerdotaux.
Frais de vente
Les frais pour ce lot s’élèvent à 30% TTC