Lot no. 100
Théodore GERICAULT ( Rouen 1791-Paris 1824)
Dessin préparatoire pour la lithographie " Entrance to the Adelphi Wharf ", 1821
Lavis sépia sur trait de crayon noir
28,5 x 37,2 cm à vue
Quelques rousseurs, petite déchirure en haut à droite (0,3 cm), collé sur les bords sous la Marie-Louise. Etiquette ancienne au verso collée sur le carton de fond annotée à la plume et encre brune " Charlet/ Collection Legentil "
Expert: cabinet de BAYSER, paris
Provenance :
Sans doute ancienne collection Marcotte
Ancienne collection Legentil-Marcotte
Ancienne collection Jacques Le Seigneur
Bibliographie :
Charles Clément, Géricault, Etude biographique et critique avec le catalogue raisonné du maître, Paris, 1868, catalogue des dessins, n°143 : " Trois chevaux de trait vus de croupe, entrant sous une voute. Ils sont conduits par deux charretiers anglais, vêtus d'une blouse et la tête couverte d'un large chapeau dont les bords tombent sur les épaules ; l'un des charretiers tient un fouet dans la main gauche. Etude pour la lithographie Entrance to the Adelphi Wharf. A la sépia.- A M.Legentil-Marcotte. H.,285. - L.,370 mill.
Germain Bazin, Théodore Géricault, étude critique, documents et catalogue raisonné, tome VII, Paris, 1997, ed. Wildenstein Institute, p.11, en rapport avec le n°2131, p.68
Oeuvres en rapport :
- La lithographie en sens inverse Entrance to the Adelphi Wharf, partie de la suite de douze planches et un titre publiée à Londres en 1821 (Bazin, 2131, repr. p.69)
- Le dessin Trois chevaux de trait sous la voûte d'un dock (Bazin, 2132, repr. p.69)
- Le dessin Quatre chevaux de traits vus de croupe (Bazin, 2133, repr. p.69
- Clément mentionne un dessin (localisation inconnue) dans une notule en rapport avec le n°143 de son catalogue : " M. His de La Salle possède une superbe étude à la sépia pour l'un de ces chevaux " (p.360)
Ce lavis inédit aux dimensions impressionnantes fait sa réapparition après cent cinquante années de purgatoire. Mentionné par Charles Clément en 1868 dans son catalogue des oeuvres de Géricault, il prépare l'une des plus merveilleuses gravures de Géricault, réalisée pendant son séjour londonien en mai 1821.
Les hommes et les chevaux de peine s'enfoncent dans la nuit noire de la voûte, contrastant avec la lumière qui vient éclairer de biais les robes des chevaux et les blouses. L'absence de physionomie visible unit les bêtes de somme et leurs conducteurs dans un labeur commun. Le pas est lent et déterminé. Un homme guide les bêtes, un autre surveille l'arrière, le fouet sur l'épaule, prêt sans doute à aiguiller un cheval éventuellement apeuré par l'obscurité. Le réalisme tranquille de la scène échoit sans doute à l'habitude d'un labeur quotidien. Comme le suggère la tenue des dockers, qui couvre tout le corps et protège la nuque, il pourrait s'agir de charbonniers se protégeant ainsi de la suie. Bazin catalogue ainsi un dessin sur papier lithographique représentant un tombereau de charbon sortant d'un dock d'Adelphi similaire, avec trois chevaux et un charbonnier portant le même équipement tirant l'attelage (voir Bazin, n2135, repr. p.70). Au-dessus de l'entrée du tunnel, on déchiffre sur une pancarte : " Arts manufactures and commerce/ Institued A.D. 1754./ Entrance in John Stret Adelphi ". Il se trouve que Géricault logeait selon toute vraisemblance chez le marchand de chevaux Elmore, dont on apprend par une lettre de Delacroix en 1825 qu'il habitait au 3 John Street, rue qui se trouve précisément derrière le quartier des Adelphi (voir Géricault, Dessins et estampes des collections de l'Ecole des Beaux-Arts, Paris, 1997, ed. ENSBA, p.239). Géricault décrit donc ici une scène de son quotidien londonien.
Alexandre Legentil (1821-1889) était l'héritier d'une grande maison de filatures rouennaise. Peu doué pour le commerce, il laisse la gestion des affaires à un homme doué pour le commerce, Simon Mannoury, qui fait fructifier son héritage. Féru d'art, il sera secrétaire de l'Exposition Universelle de 1855. Catholique convaincu, il sera aussi un des principaux soutiens financiers pour la construction de la basilique du Sacré-Coeur. Il rencontre Marie Marcotte (1828-1920) en 1844 et l'épouse en octobre 1846. Ingres les portraiture tous les deux trois mois avant leur mariage.
La provenance donnée par Clément, Legentil-Marcotte, indique que Legentil possédait ce dessin par son alliance avec la fille de Charles Marcotte, le grand ami d'Ingres. Charles Marcotte avait en effet des dessins de Géricault dans sa collection, et une vente d'oeuvres provenant de ses descendants (Me de Maigret, Paris, Hôtel Drouot, le 24 mars 2010) l'atteste, avec une belle feuille pour la Course des chevaux libres et pour Les funérailles d'Hector. Clément catalogue d'ailleurs deux autres dessins par Géricault en la possession de Legentil-Marcotte (n°145 et 147 de son catalogue), dessins depuis passés en vente publique.
Pictures credits: Contact organization
Drawings, watercolours and pastels
About the sale